Alain de Bures est Zootechnicien, il a été actif dans le milieu des ONG en Asie-Centrale, notamment l'ONG française CIDR (Compagnie Internationale de Développement er de Recherche).
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Alain de Bures, courte biographie
Alain vient au monde le 12 septembre 1946 à Lectoure dans le
Gers.
Ses parents, Robert et Madeleine, espéraient s'installer
dans la ville où Robert avait passé son enfance près de sa grand-mère ; mais,
faute d'y trouver un emploi sûr, le couple s'installe à Perpignan où Robert a
obtenu un poste dans une compagnie d’assurance.
Alain est un enfant vif, intelligent, mais peu obéissant. Il
est rétif aux consignes scolaires et à l'orthographe, Alain obtient cependant
son certificat d'études en juin 1960 ; le psychologue scolaire recommande
l’internat.
Alain aime les plantes, les bêtes, alors c'est décidé: il ira en internat à Malibert,
école d'agriculture, près de St Chinian dans
l'Hérault. Scolarité de 1961 à 1966, il obtiendra un BM et un BEPA.
Ses études le mènent à suivre la prestigieuse formation de
la Bergerie Nationale de Rambouillet. Il en sort diplômé
en novembre 1967.
Il repousse la proposition alléchante d'un éleveur
néo-zélandais : il ne veut pas se mettre à l'anglais….
1968 : service militaire ; après les classes il devient
caporal d'intendance au centre de repos militaire de Port-Vendres.
Il passe ensuite près de trois années comme simple berger
sur le Larzac.
Un ami de la famille, le docteur René Garrigue, engagé dans
une association humanitaire, offre à Alain de partir en Iran. C'est le grand
tournant.
De 1971 à 1979, Alain participe à la mise en place d'un
programme de réinsertion économique et sociale d'anciens lépreux et en même
temps partage la vie des tribus turkmènes du nord du pays.
Il lui faut apprendre des codes sociaux nouveaux, des modes
de vie différents : chevauchée dans la steppe, bivouacs sous la yourte. Il
illumine les vallées et villages de Behkadeh par sa
superbe énergie, son sens de la fraternité et ses talents de conteurs ; il va
jusqu'à partager un repas en tête-à-tête avec Farah Diba
/ Pahlavi, la Shabanou, marraine de ce projet mis en
place dans sa région natale, qu'elle visitera aux côtés d'Alain !
1980-1983: mission, difficile à Tadjourah (République de Djibouti). Éloignement, souvent
seul sur le terrain, problèmes de santé.
A la fenêtre de son bureau il y a toujours quelques gamins
délurés pour observer le Français. Histoire drôles, facéties, rigolades,
visites aux familles des gamins et le projet humanitaire peut s’enraciner.
Et sa rencontre avec Hugo Pratt, de passage dans la région,
hébergé une nuit par Alain à qui il laissera en souvenir un dessin : sa vision,
depuis le bateau prêt à accoster, de ce petit bonhomme blanc qui observe depuis
le ponton l'arrivée du bateau du soir, la pipe à la bouche.
De 1984 à 2011 Alain est en Afghanistan ; il est alors connu
partout comme « Ali Jan ».
Guerre permanente, guerre étrangère contre les soviétiques,
les Américains ; guerre civile entre clans, pour ou contre les Talibans. Malgré
ce contexte dangereux, il faut tenir bon pour restaurer les cultures en
terrasses, les réseaux d'irrigation, améliorer l'état du cheptel, les pratiques
pastorales, et puis négocier sans cesse, discuter, palabrer, ménager les
susceptibilités ; respecter les préséances Il faut renoncer à résumer ici 27
années passées en Afghanistan.
Rares sont les vallées et les estives qui n'ont pas conservé
le souvenir du passage d’Alain.
Grâce à sa connaissance fine du pays, il peut se déplacer là
où les occidentaux ne sont pas acceptés. Il est connu, et reconnu, tant par les
Afghans que par les occidentaux, comme un conteur incroyable, une encyclopédie
vivante sur cette région du monde.
Il racontait qu'au cours des années 1990 il avait critiqué
un jeune commandant Taliban qui, courroucé, lui avait demandé qui il était,
lui, l'étranger, pour se permettre de donner son avis alors qu'il ne
connaissait pas le pays. Le gouverneur avait alors fait taire ce jeune
commandant en lui disant qu'Ali Jan avait vécu autant d'années que lui dans ce
pays, sinon plus...
La vie d'Alain est indissociable de l'Afghanistan, pays
qu'il chérissait.
Pour beaucoup de jeunes qui ont démarré leur vie
d'humanitaire en Afghanistan, Alain reste une figure de légende à la Henry de
Monfreid.
Coiffé de son pakol et habillé de
son shalwar kameez, il
arpentait les vallées des montagnes afghanes au milieu des villageois et lors
d'interminables shuras, tout aussi à l'aise dans les
réunions de bailleurs de fonds ou dans les Ambassades, il racontait et
rapportait les difficultés de vie des vraies gens.
Alain est très méconnu au regard de l'ensemble de l'action
qu'il a menée en Afghanistan. Ceci est dû au fait qu'il pensait être plus utile
à faire ce qu'il faisait plutôt que d'en faire la promotion. Alain avait bien
sûr un caractère et un égo certains, particulièrement dans la manière dont il
concevait la bonne mise en œuvre des projets ou son rejet de la sécurité pensée
par « les expats », mais cet aspect de son caractère
à ne s'être jamais mis en avant comme il aurait largement pu le faire doit être
souligné. Ses réalisations sont vraiment considérables, par-delà l'aide
d'urgence : une route construite dans les années 1980 de la Kunar au Nouristan, la mise en place dans l'est d'une couverture sur
la santé animale, l'irrigation des plaines au sud du Laghman…
L'ensemble des ses actions en
Afghanistan lui voudront d'être nommé le Chevalier de la Légion d'Honneur le 25
avril 2009.
Alain retournera par deux fois en Afghanistan pour des
missions courtes, la dernière en 2016 pour « boucler la boucle » et effectuer
l'évaluation du projet de santé animale de MADERA.
Il revient alors définitivement au pays et s'installe à
Calce pour profiter d'une retraite bien méritée. Ce choix de Calce est lié à un
souvenir d'enfance :
Le jeudi il n'y avait pas de classe, alors son père
l'emmenait faire sa tournée d'inspecteur d'assurance en
moto. Le retour à la maison était souvent nocturne ; la traversée de Calce, à
peine éclairé par quelques rares réverbères publics, et les ombres projetées
par la lumière du phare de la moto, rendaient ce retour étrange, fantastique…
Dans cette maison de Calce qu'il a tant préparée, Alain
profite de ses nombreuses passions : les langues persane, occitane ; les
vêtements et les bijoux ramenés de ses lointains voyages ; la musique baroque,
les églises romanes...
Il fait découvrir le Roussillon à ses amis venus de tous les
horizons.
Il s'implique dans la vie locale, notamment en participant
au conseil municipal.
Mais cette vie passionnante et passionnée, n'a pas laissé de
place à d'autre compagne, Alain est resté célibataire.
S'il n'a pu avoir d'enfant, Alain a comblé ce manque de la
plus belle manière qui soit en adoptant Najeeb en
2016.
Parce qu'Alain aimait les gens, qu'il les comprenait, savait
écouter leurs joies et leurs tristesses, il a eu nombre de filleuls et enfants
du cœur : Ali, Djunaid, Houmed,
Homayoun, Javed, Madjid, Shekeb, Sabawon, Taiba, Wahid, Walid
,Yama…
Il les a fait venir en France, et afin de faciliter leur
intégration, les a poussés à faire des études.
Alain a fait de ces jeunes gens, fils d'Afghanistan ballotés
par les tourments de ce pays mystérieux et fascinant, des hommes accomplis qui
aujourd'hui, forts de cet héritage qu'il leur a laissé, prolongent ce que leur
enseigné Alain, et, à leur tour, transmettent et donnent sans compter, dans le
même esprit de partage et d'entraide, ce qu'ils ont reçu de ce Père de cœur.
Doté d'une plume unique et d'un remarquable coup de crayon, Alain nous a laissé un livre remarquable - La Horde enracinée - », ouvrage qui raconte la vie des Turkmènes d'Iran, et plus particulièrement de la famille d'Agholi, famille d'adoption d'Alain dans cette région.