Comment digérer le passé ? Tantôt doux-amer, tantôt piquant, le roman de Li Ang, figure majeure de la littérature taïwanaise contemporaine, donne chair à une histoire politique sensible du vingtième siècle taïwanais. De l’humble riz au curry de la période coloniale japonaise au thé aux perles de la démocratisation de l’île, en passant par les nouilles au bœuf des prisons de la Terreur blanche, chaque chapitre est un plat où se livrent à petit feu autant d’histoires alternatives de la construction de cette société insulaire. Mémoire sensorielle de la protagoniste Wang Chi-fang et de sa famille, Le Banquet aphrodisiaque nous invite à un festin où passe à la casserole un siècle de relations de pouvoir – de l’intime à l’international.
Postface de Gwennaël Gaffric : « Li Ang et l’histoire de Taïwan par le menu ».
"... Le Banquet aphrodisiaque est donc un curieux menu concocté par Li Ang, l'une des autrices les plus controversées de Taiwan, à la fois fougueuse et frondeuse, jouisseuse et Joyeuse, ..."
Nous avons eu le plaisir de rencontrer Li Ang à l'Asiathèque pour découvrir la pensée politique et sociale qui se cache derrière la description méticuleuse des plats gastronomiques.
Je ne pouvais pas manquer l’occasion de rencontrer cette autrice controversée, qui m’avait déjà marquée avec son roman : La femme du boucher, inspiré d’un fait divers et qui l’avait fait connaître à l’étranger.
"... Ce roman dense mais passionnant est avant tout un écrit profondément féministe dans lequel la narratrice cherche à relier entre elles l'histoire de son pays, qui ne se résume pas à celle de la Chine, de la politique et de son pouvoir, de la gastronomie et de la sexualité empreintes elles-aussi de la domination masculine. ..."
Discussion avec Coraline Jortay, chercheuse et traductrice de l'ouvrage Le Banquet aphrodisiaque de Li Ang. Elle nous fait éclaire sur les subtilités du texte, sur le travail de traduction et sur le rapport entre littérature, société et gastronomie à Taïwan.
Li Ang est une autrice taïwanaise dont les œuvres traitent sans tabous de sujets brûlants, notamment l’histoire tourmentée de son pays et la sexualité féminine. Plusieurs de ses romans et nouvelles ont paru en français, dont le Jardin des égarements (Picquier, 2003), Tuer son mari (Denoël, 2004) et « Le fantôme de la mangrove » (Jentayu, n°3, 2016).
Photo : © Li Ang
Coraline Jortay est docteure en littérature chinoise à l’Université libre de Bruxelles, où elle a soutenu une thèse traitant des représentations de genre et de la construction identitaire chez les auteures sinophones du XXe siècle. Également traductrice littéraire, elle a remporté les 2e et 3e prix du Concours international de traduction de la Chine 2013 avec les nouvelles « Là-haut », de Wang Xiangfu, et « La lettre », de Liu Qingbang, publiées dans le recueil Tranchant de lune et autres nouvelles contemporaines de Chine (Ming Books, 2016). Elle a aussi traduit le recueil Les sentiers des rêves et autres microfictions, de Walis Nokan (L’Asiathèque, 2018).
Table des matières
Entrées
I. La civette et le pangolin
II. Le riz au curry
Plats
III. Les nouilles au bœuf
IV. Le thé aux perles
V. Gourmandises aphrodisiaques
VI. Banquet d’État
Desserts
VII. Menu dégustation
VIII. Mets végétariens
Li Ang et l’histoire de Taiwan par le menu,
postface de Gwennaël Gaffric